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Pour conclure notre série de podcasts sur le sommeil, après « Comprendre et accompagner le sommeil de votre bébé » et « Comment offrir à votre bébé un cadre propice à son sommeil ? », nous abordons, dans cet épisode 7 du Podcast des Parents Curieux, les troubles du sommeil de bébé. Endormissement difficile, réveils nocturnes… De nombreux parents se trouvent démunis et fatigués et ne savent plus comment accompagner leur bébé vers un sommeil apaisé. Réponses à vos questions avec Audrey Marccaggi, Psychomotricienne en néonatologie et à l’unité de soins psychiques et pédiatriques précoces de l’hôpital Natecia.
Dans ce 3ème podcast sur le sommeil, Audrey Marccaggi aborde notamment les points ci-dessous, en apportant des pistes de réflexion et non des injonctions formelles. Chaque situation, chaque famille est vraiment unique ! La dynamique de changement à éventuellement mettre en place est différente selon chaque contexte.
Si vous rencontrez des difficultés avec votre bébé, il faut réfléchir à ce qui fait sens pour vous en tant que parents, en tant que famille. Il y a des directions à prendre, mais les parents peuvent être prêts à les adopter ou non. Il y a aussi de grandes idées qu’on peut tous trouver géniales sur le papier mais qui ne seront pas applicables avec certaines façons de vivre ou certains caractères en tant que parents.
Votre projet parental et éducatif doit refléter la personne que vous êtes. Les parents parfaits, pour un bébé, sont les siens !
Les endormissements dits difficiles sont la cause n°1 de consultation des parents, qui posent beaucoup de questions à ce sujet aux professionnels de santé :
• quand le bébé ne trouve pas son sommeil tout seul,
• quand le tout-petit ne s’endort qu’au sein de sa maman ou avec un biberon de lait infantile,
• quand il ne s’endort qu’après avoir été bercé pendant des heures,
• …
Chez le nourrisson, en général, et particulièrement chez le tout-petit, l’endormissement est une phase délicate, surtout s’il n’a jamais été couché éveillé dans son lit pour y trouver le sommeil tout seul. Les bébés s’endorment souvent en étant bercés, allaités, promenés… et associent donc naturellement l’endormissement avec le fait d’être porté, bercé… Dès lors qu’on essaye de ne plus les endormir de cette façon, les enfants auront du mal à trouver le sommeil.
Certains parents vont trouver cela trop long ou être inquiets quand leur bébé ne s’endort pas au bout de 10 minutes, quand d’autres trouveront cela tout à fait normal de passer 45 minutes à l’endormir. On parle de difficultés d’endormissement lorsque l’enfant ne parvient pas à s’endormir dans un délai de 30 minutes.
Même pour nous, adultes, s’endormir c’est lâcher prise, être vulnérable, se séparer des gens qui nous entourent. Pour cela le bébé a particulièrement besoin de se sentir en sécurité.
Tout-petit, il se sentira en sécurité en retrouvant les sensations de la grossesse, avec :
• la pénombre,
• la chaleur,
• la contenance,
• l’enroulement,
• les bruits rythmés et étouffés comme celui de la respiration ou du cœur qui bat,
• le son de la voix de ses parents…
Il s’agit des besoins psychomoteurs fondamentaux du tout-petit : ce dont il a besoin pour être « secure », c’est à dire en sécurité dans son corps et dans la relation. Quand le bébé nait, il n’a pas encore construit des repères corporels et relationnels stables qui lui permettent de se sentir « secure » seul. Pour le nourrisson, les bras de ses parents constituent le meilleur endroit pour s’endormir. En grandissant, le bébé accumule de bonnes expériences et construit de la sécurité relationnelle et corporelle, suffisamment pour commencer à s’endormir seul dans son lit au bout de quelques mois, accompagné par la présence de ses parents à coté de lui au début, avec un rituel rassurant.
Découvrez quelques conseils et astuces dans l’article Comment endormir bébé ?
Tous les parents remarquent que certaines « techniques d’endormissement » fonctionnent très bien avec certains bébés, et pas du tout avec d’autres…
Pour dégager les sensations auxquelles votre bébé est particulièrement réceptif et auxquelles il peut avoir besoin de se référer pour s’endormir plus facilement, il peut être instructif de connaître les tendances de ce qu’on appelle son « profil sensoriel ».
Est-ce que votre bébé est plutôt visuel, auditif ou tactile ? Pour cela, vous pouvez vous poser des questions de ce type :
Les bébés tactiles aiment être en contact, et ont beaucoup besoin d’être portés par leurs parents, d’être en mouvement. Pour les aider à s’endormir seul petit à petit, on va chercher à reproduire ces sensations, grâce à l’emmaillotage et en mettant des roulettes au lit ou au berceau pour pouvoir continuer à le bercer sans qu’il soit dans nos bras.
Les enfants visuels ont les yeux grands ouverts sur le monde qui les entoure ! Pour eux, il est important de baisser le niveau de stimulations visuelles. Ainsi, on les mettra dans la pénombre, en leur proposant un seul point d’accroche visuel qu’ils pourront fixer : la porte entrouverte pour faire rentrer un trait de lumière, une veilleuse, un mobile qui projette des lumières très douces, …
Les bébés auditifs ont besoin d’un cocon auditif pour s’endormir : continuer à écouter les bruits de la maison, ou ce qu’on appelle des « bruits blancs » (sons doux et continus comme celui de l’aspirateur, du sèche-cheveux, de la voiture…), écouter toujours la même musique douce. Au contraire, certains bébés auditifs ont besoin d’un calme absolu et de n’entendre aucun bruit.
Si la sensorialité va créer un contexte rassurant, ce qui créé le plus de sécurité pour votre bébé pour lui permettre de s’endormir, est le calme relationnel. Sans culpabilisation aucune, prenez conscience de votre état émotionnel au moment où vous endormez votre bébé, au moment de devoir vous séparer de lui pour le laisser dormir seul, mais aussi plus largement dans la journée, dans la semaine, depuis qu’il est né… Comment vous sentez-vous ?
Si vous prenez conscience de tensions émotionnelles ponctuelles autour de l’endormissement ou plus largement, il est très important de vous sentir en droit de prendre soin de vous, physiquement, psychologiquement, de prendre ce temps pour vous sentir mieux.
Après avoir repéré les besoins sensoriels et l’état émotionnel de chacun, vous allez pouvoir trouver le rituel du coucher adapté à votre tout-petit.
Le rituel du coucher ne commence pas tout de suite, mais arrive au moment où l’on commence à accompagner le bébé à s’endormir seul, c’est-à-dire :
Tout petit, l’immaturité physiologique fait que le bébé mange souvent, dort beaucoup et donc s’endort en mangeant ou juste après. Mais en grandissant, ses besoins physiologiques se régulent, ainsi il va être possible, petit à petit, de l’accompagner à s’endormir seul.
Les enfants adorent les rituels. C’est sécurisant pour eux que le monde soit prévisible, et les aide à faire confiance à l’adulte et à lâcher prise, pour dormir seul notamment.
Mettre en place un rituel, et l’appliquer systématiquement est essentiel. Quand on met en place le rituel ou qu’on en teste un nouveau car on se rend compte que le précédent n’était pas le plus adapté au bébé, il est important de le tester pendant 5 à 7 jours sans en dévier pour voir s’il fonctionne. En effet, votre bébé va tester si c’est effectivement bien toujours pareil et s’il peut vous faire confiance.
Quelques clés pour la réussite du rituel du coucher :
Dans l’épisode 5 du Podcast des Parents Curieux, on a vu que le bébé de moins de 3 mois est trop immature pour pouvoir apprendre à s’endormir seul, et qu’il y a un « point de bascule physiologique » correspondant au moment où il n’a plus besoin de boire la nuit, entre 3 et 6 mois en général. Vous allez pouvoir, très progressivement, introduire le rituel quand :
Les réveils nocturnes sont tout à fait normaux et concernent la majorité des enfants entre 9 mois et 3 ans, y compris les bébés qui avaient appris à “faire leurs nuits” entre 3 et 6 mois. Des études scientifiques ont montré que les enfants de 1 à 3 ans se réveillent en moyenne trois fois par nuit, lors des changements de cycle du sommeil. Le plus souvent, l’enfant se rendort seul en moins de 10 minutes.
Toutefois, environ un tiers des bébés ne parviennent pas à se rendormir. Ils signalent alors leur réveil par des pleurs ou en appelant leurs parents : ils ont besoin d’être rassurés en créant une situation d’échange. Ce phénomène est majoré chez les bébés qui ne savent pas s’endormir seuls.
La première chose à bien avoir en tête, surtout pour les tout-petits de moins de 3 ou 4 mois, c’est de bien distinguer le sommeil agité de l’éveil.
Le sommeil agité ressemble à de l’éveil mais le bébé dort ! Le risque, lorsque les parents pensent que leur bébé est réveillé, c’est qu’ils agissent comme s’il l’était (en lui parlant, en le prenant dans leurs bras) et le réveillent alors pour de bon, rendant son passage d’un cycle de sommeil au suivant plus difficile.
Il s’agit donc d’observer et de patienter un peu avant d’intervenir, pour s’assurer que les pleurs expriment une détresse. Selon l’âge / l’intensité des pleurs du bébé, lors d’un réveil nocturne, il est conseillé aux parents, autant que possible et progressivement :
Il est possible qu’un bébé fasse des cauchemars, ait peur, ait mal quelque part… Bien sûr, si votre bébé exprime des pleurs de détresse, prenez-le dans vos bras, rassurez-le, câlinez-le…
Chez certains tout-petits, le besoin de réassurance est important et ils l’expriment de manière très forte. Les parents doivent répondre à cette inquiétude bien réelle de leur bébé par une réponse réelle, mais un peu différente de la réponse apportée quand il est malade, par exemple. Petit à petit, le bébé va apprendre à gérer son inquiétude de façon plus autonome, en étant accompagné par ses parents.
La question qui se pose pour le bébé est la suivante : « pour me rendormir, je vais avoir besoin de retrouver exactement, tout seul, ce que j’ai eu au moment de l’endormissement. Le repas, ou les bras, par exemple, ne pourront pas être retrouvés de manière autonome. C’est en ce sens qu’un rituel d’endormissement doit être mis en place.
Ce qui est là pour sécuriser votre bébé sur un plan émotionnel est essentiel. Le doudou est très sécurisant pour un bébé ! A condition qu’il soit d’une taille raisonnable (recommandations vis-à-vis de la Mort Inattendue du Nourrisson). C’est un « objet transitionnel » qui relie le bébé à ses parents. Mais certains bébés n’en ont pas besoin.
La tétine est un objet très sensoriel, qui fait appel à l’activité de succion qui est très rassurante et permet au bébé de s’auto-apaiser, surtout à moins de 3 mois. Certains bébés découvrent tout seuls leur pouce pour répondre à ce besoin de succion et d’apaisement. Son utilisation n’est ni bien ni mal, mais si la tétine fait partie du rituel d’endormissement, il s’agira de vous relever la nuit pour lui redonner car il ne sera pas capable de la retrouver de manière autonome.
Ce qui peut être intéressant est que la tétine ne soit pas proposée systématiquement dès la maternité, mais uniquement à un bébé qui en a vraiment besoin, après avoir pris le temps de l’observer. A partir du moment où la motricité volontaire se sera développée vers l’âge de 3 mois, on pourra l’habituer, petit à petit, à s’en passer.
Le rituel du coucher peut être le même la journée et le soir car la répétition de celui-ci va sécuriser votre bébé.
Certains bébés font très peu de siestes, ou des siestes très courtes : si votre enfant est dans ce cas et qu’il se développe bien, est souriant, tranquille, en forme, etc. ce n’est pas un problème. En revanche, s’il est visiblement fatigué, surtout s’il dort mieux la nuit, il est important de se poser certaines questions :
C’est en effet courant et ne concerne pas que le sommeil : c’est aussi le cas pour l’alimentation, les crises d’opposition quand le bébé grandit, pour faire les devoirs quand il en aura l’âge…
Le bébé a besoin d’être écouté par son papa et sa maman, car vous, ses parents, êtes importants pour lui ! Par ailleurs, un autre adulte est souvent plus rationnel et plus tranquille dans ses réponses que nous, parents, qui ressentons l’amour, la culpabilité, l’inquiétude pour un bébé qui dépend de nous. C’est pourquoi le plus gros défi des parents est d’essayer d’être apaisés et constants dans les réponses qu’ils apportent à leur bébé.
Le plus important est d’en parler, de ne pas rester seuls. L’épuisement est difficile à gérer. Culpabiliser ne sert à rien : le problème ne vient pas de vous, parents, mais c’est vous qui pourrez trouver la solution, et il n’y a pas de honte à chercher à vous appuyer sur d’autres personnes.
Vous pouvez faire appel à votre famille ou vos amis, mais aussi vous faire accompagner par :