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Le saviez-vous ? Les allergies sont un problème de santé plus fréquent que les cancers et l’hypertension artérielle. 6,1% des enfants présentent une allergie alimentaire en France, et 20% d’entre eux sont touchés par une pollyallergie, les plus fréquentes étant l’allergie au lait et à l’œuf.
Alors comment reconnaître une allergie alimentaire ? Que faire si votre bébé / enfant en présente des symptômes ? Tour d’horizon.
Une allergie alimentaire se présente lorsque le système immunitaire réagit de manière anormale et excessive à un aliment ingéré, le considérant à tort comme une menace pour l’organisme.
La raison pour laquelle certaines personnes plutôt que d’autres développent des allergies reste peu claire, mais on sait que les antécédents familiaux d’allergie augmentent le risque d’apparition d’une allergie chez l’enfant. Ainsi, si les deux parents présentent des allergies, le risque pour que leur enfant soit également allergique est de 60%.
Par ailleurs, les bébés ayant déjà présenté une allergie alimentaire ou de l’eczéma sont plus susceptibles de développer de l’asthme et des allergies respiratoires en grandissant.
La société francophone d’allergologie[1] a rappelé en 2021 que l’augmentation des allergies alimentaires peut s’expliquer par plusieurs raisons. Certaines sont déjà bien connues, tels que le changement de nos modes de vie avec une moindre exposition aux microbes (théorie hygiéniste) et/ou la mondialisation de l’alimentation avec l’exposition à de nouveaux allergènes. D’autres hypothèses ont été développées plus récemment (nouveaux aliments, modifications épigénétiques, facteurs génétiques).
[1] Primary prevention of food allergy in 2021: Update and proposals of French-speaking pediatric allergists. D. Sabouraud-Leclerca, E. Bradatanb, T. Moralyc, F. Payotd, C. Laruee, A.Broue Chabbert, A. Nemnig, R. Pontcharraudh, A. Jucheti, A. Divaret-Chauveauj, M. Morissetm
L’expression « intolérance alimentaire » était auparavant utilisée pour ce qu’on qualifie aujourd’hui d’allergie retardée : les symptômes se manifestent plus longtemps après avoir consommé l’aliment, mais il s’agit bien d’une forme d’allergie. Les mécanismes cellulaires diffèrent et les symptômes peuvent être plus insidieux, ce qui complique le diagnostic.
Chez les nourrissons, l’allergie retardée la plus courante concerne l’allergie aux protéines du lait de vache et peut se manifester quelques jours voire plusieurs semaines après l’ingestion, avec un ou plusieurs des signes suivants :
Les symptômes sont variés et aucun examen complémentaire ne permet de confirmer le diagnostic. Celui-ci repose sur l’interrogatoire du médecin, la nature et la chronologie des symptômes, ainsi que sur leur disparition après avoir suivi un régime sans protéines de lait de vache pendant 2 à 4 semaines.
Il existe donc 2 principaux types d’allergies alimentaires :
Ces deux types d’allergies résultent de la réponse du système immunitaire à l’ingestion d’un aliment, cette réponse variant d’une personne à l’autre. Les allergies de type II et IV existent mais sont très rares.
Dans le cas de l’allergie alimentaire immédiate, liée aux IgE, le système immunitaire produit des anticorps spécifiques (immunoglobulines de type E) entraînant une réaction allergique rapide. Les symptômes se manifestent en quelques secondes ou minutes, tels qu’un gonflement soudain et important, des difficultés respiratoires, des éruptions cutanées, des démangeaisons ou des symptômes digestifs, voire, dans les cas les plus graves, un choc anaphylactique. L’aliment responsable de l’allergie est facilement identifiable en raison de l’apparition immédiate des symptômes.
Dans le cas de l’allergie alimentaire retardée, liée aux IgG, le système immunitaire produit des anticorps spécifiques (immunoglobulines de type G) pouvant déclencher des processus inflammatoires dans l’organisme. Il est alors beaucoup plus difficile de déterminer l’aliment responsable de l’allergie, car les symptômes peuvent apparaître jusqu’à trois jours après sa consommation.
Chez les enfants, l’aliment provoquant le plus d’allergies est le lait de vache. En effet, l’APLV (allergie aux protéines du lait de vache) touche 5 à 7% des bébés dans la première année de vie.
Les aliments suivants peuvent également être responsables d’allergies :
Il existe aussi de nouveaux allergènes en lien avec les changements d’habitudes alimentaires tels que la consommation de noix de cajou ou de sésame ou de sarrazin ou de lait de chèvre, …
Comme on l’a vu, les symptômes apparaissent dans un délai court après ingestion de l’aliment dans le cas d’une allergie immédiate, ou longtemps après sa consommation, en cas d’allergie retardée. Ils peuvent être catégorisés en 3 familles :
Réactions cutanées
Sur la peau, de l’urticaire est souvent observable, mais attention, son apparition n’est pas toujours liée à une allergie !
Symptômes digestifs
Au niveau digestif, les symptômes peuvent inclure des maux de ventre, des nausées, des vomissements, de la diarrhée, …
Symptômes respiratoires
Sur le plan respiratoire, des symptômes tels qu’un nez bouché, des éternuements, des yeux rouges, larmoyants et gonflés peuvent se manifester. Dans certains cas, une réaction allergique peut entraîner une crise d’asthme chez l’enfant.
Parfois, ces symptômes peuvent s’accompagner d’une grande fatigue ou d’un malaise, pouvant indiquer un choc anaphylactique, une situation nécessitant une intervention médicale d’urgence, et il convient alors de contacter immédiatement le SAMU.
Si votre enfant présente des symptômes pouvant évoquer une allergie alimentaire, il est recommandé d’en discuter avec votre médecin. Celui-ci pourra vous aider à évaluer la situation et, si nécessaire, vous orienter vers un allergologue. Il peut être utile de prendre des photos des réactions cutanées de votre enfant et de noter la chronologie des symptômes ainsi que les aliments consommés. Si l’aliment incriminé est un plat industriel, n’hésitez pas à prendre également une photo de sa composition.
Il n’y a pas d’âge spécifique pour réaliser un bilan allergologique, notamment chez les nourrissons, où il est parfois pratiqué pour détecter une allergie aux protéines de lait de vache. Le médecin allergologue posera des questions détaillées sur les antécédents familiaux, les symptômes et les aliments suspectés. Il pourra décider de réaliser des tests cutanés lors de la consultation, fournissant des résultats en environ 15 minutes. Ces tests consistent à appliquer des extraits allergéniques ou des aliments frais sur la peau de l’avant-bras de l’enfant, puis à les faire pénétrer sous la peau à l’aide d’une petite pointe, afin de détecter une éventuelle réaction allergique. Les résultats sont interprétés en mesurant le diamètre de la papule et de la rougeur.
Parfois, une prise de sang peut être réalisée pour confirmer le diagnostic et évaluer la sévérité de l’allergie. Enfin, dans certains cas, un Test de Provocation Orale (TPO) peut être fait. Il s’agit de l’examen de référence pour affirmer l’allergie alimentaire. Cet examen est réalisé à l’hôpital, sous stricte surveillance médicale, et consiste à faire consommer progressivement l’aliment incriminé à l’enfant.
La durée de l’allergie alimentaire chez le bébé est principalement déterminée par l’allergène concerné. Par exemple, l’allergie aux protéines du lait de vache (APLV), la plus courante, tend à disparaître chez environ 50% des enfants vers l’âge d’un an et chez plus de 75% des enfants vers l’âge de trois ans. Les allergies aux œufs, au blé et à la viande ont tendance à se résoudre dans 80% à 90% des cas avant l’âge de deux ans selon les scientifiques.
En revanche, les allergies au poisson et aux fruits à coque (arachides, amandes, noisettes, etc.) sont souvent plus persistantes, pouvant perdurer tout au long de l’enfance, voire jusqu’à l’âge adulte. Il est donc important d’assurer un suivi régulier de l’allergie et de contrôler l’efficacité du traitement, avec des consultations annuelles, bisannuelles, voire plus fréquentes selon les besoins spécifiques de chaque cas.
Une fois que l’allergie est confirmée, il est nécessaire d’éliminer les aliments responsables de la réaction allergique du régime alimentaire de l’enfant. Le médecin allergologue prescrira un régime adapté afin d’éviter toute carence et de maintenir une alimentation équilibrée. Il est primordial pour vous, parents, d’apprendre à décoder les étiquettes des produits alimentaires et de savoir sous quels autres noms un allergène peut être précisé. Par exemple, les parents d’un enfant allergique au lait doivent être conscients que celui-ci peut être présent dans les aliments sous des dénominations telles que « caséine » ou « protéines du lactosérum ». Cependant, rassurez-vous, l’allergène (LAIT) est supposé être indiqué obligatoirement à côté de ces ingrédients selon la réglementation.
Le médecin allergologue fournira des explications détaillées à ce sujet et remettra des documents écrits à titre de rappel. Il est à noter qu’il existe une liste de 14 allergènes à déclaration obligatoire.
Si l’enfant allergique est pris en charge par une assistante maternelle, fréquente une crèche ou une école, le médecin allergologue élaborera un Projet d’Accueil Individualisé (PAI) pour garantir son accueil en toute sécurité. Il fournira également des instructions sur la manière de réagir en cas de réaction allergique, en fonction des symptômes présentés par l’enfant, et prescrira une trousse d’urgence contenant les médicaments nécessaires.
Cette trousse sera également disponible auprès de l’assistante maternelle, de la crèche ou de l’école. À la suite de l’élaboration du PAI, les parents seront reçus par le médecin de l’institution pour préciser le type d’allergie de l’enfant. Toutes ces informations seront transmises à l’équipe en charge de l’enfant afin que chacun soit informé et sache comment réagir en cas de réaction allergique. Ce document écrit sera révisé chaque année lors de la consultation d’allergologie.
Que faire si mon enfant a mangé un aliment auquel il est allergique ?
Si votre enfant a déjà présenté une réaction sévère après avoir consommé un aliment et qu’il en mange à nouveau, appelez immédiatement le SAMU (15) : un médecin vous guidera sur les mesures à prendre en attendant l’intervention du SAMU sur place.
Dans le cas où votre enfant n’a jamais eu de réaction sévère, ne le laissez pas seul et essayez de vous montrer rassurant : la plupart du temps, les réactions sont légères.
Si aucun signe de réaction n’est observé chez votre enfant, maintenez une surveillance pendant au moins 4 heures. Si aucun symptôme n’apparaît durant ce laps de temps et que votre enfant ne présente généralement pas de réactions retardées, vous pouvez être tranquilles.
En cas de réaction allergique, suivez attentivement les directives fournies par le professionnel de santé qui suit votre enfant et qui sont consignées dans son Projet d’Accueil Individualisé (PAI), en utilisant la trousse d’urgence prévue à cet effet.
En présence d’une allergie alimentaire avérée, le traitement principal implique la mise en place d’un régime d’éviction, consistant à éviter la consommation de l’aliment identifié comme allergène.
Parfois, certaines réactions allergiques peuvent être atténuées par l’utilisation de médicaments, généralement des antihistaminiques. Le médecin ou l’allergologue prescrira un traitement adapté à chaque situation, en fonction des symptômes présentés par l’enfant.
Pour aller plus loin…
Découvrez notre Podcast des parents curieux sur ce sujet, avec le Dr Douvillez, pédiatre allergologue à Lyon !