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Quand et comment apprendre la propreté à votre bébé ?

Nous accueillons une nouvelle experte sur le Podcast des Parents Curieux !

Le Docteur  Pascale ROY est gastro pédiatre à Lyon et nous parle aujourd’hui d’une période pas toujours facile à aborder pour nous, parents, celle dite de “l’apprentissage de la propreté”, pour laquelle on se met souvent un peu de pression pour amener son enfant à “être propre”, avant l’entrée en école maternelle notamment.

Découvrez les principales questions abordées par le Dr Pascale Roy dans ce podcast :

Qu’entend-on par “acquisition de la propreté” ?

Selon le Larousse, il s’agit de l’aptitude d’un enfant à maîtriser ses fonctions de miction (faire pipi) et de défécation (faire caca), de jour comme de nuit

Rappelons que cette acquisition de la propreté obéit à une évolution naturelle. Elle demeure variable d’un enfant à l’autre, au même titre que les autres acquisitions : tous les bébés ne parlent pas ou ne marchent pas au même âge ! Parents, n’ayez donc aucune inquiétude pour cet apprentissage, que votre bébé réussira à faire quoi qu’il se passe.

Quand doit-on se poser la question de débuter cet apprentissage ?

Il n’y a pas vraiment d’âge, gardez simplement en tête qu’il faut avoir 2 facteurs conjugués :

  • que votre enfant soit prêt dans son corps,
  • qu’il le soit également dans sa petite tête.

Dans son corps, jusqu’à l’âge de 6 mois, l’émission des urines (miction) ou des selles (défécation) est purement réflexe, suite au remplissage de la vessie ou de l’intestin. Puis, la maturation du système nerveux central de l’enfant va permettre à l’émission de selles et d’urines de devenir une activité volontaire, tout d’abord grâce à une bonne perception sensitive (je ressens que ma vessie ou mon intestin est rempli et me demande d’être vidé). Cette étape de maturation correspond à la capacité d’un bébé de monter les escaliers tout seul, voire en pas alternés. Il est donc préférable qu’il marche pour qu’il puisse être capable d’aller se mettre sur son pot, de s’y asseoir et de se relever tout seul, en étant autonome au niveau moteur.

Dans sa petite tête, son niveau de maturation intellectuelle et affective est important à prendre en compte. L’enfant doit pouvoir prendre conscience de son besoin, doit pouvoir communiquer avec l’adulte (pour lui demander son aide, par exemple, s’il ne peut pas encore se déshabiller tout seul), voire qu’il ait envie de s’identifier à l’adulte.

En clair, le corps peut être prêt avant la tête, et il faut que ces deux processus soient bien matures. Même si nous le souhaitions, nous ne pouvons ni accélérer la maturation nerveuse (physiologique), ni la maturation intellectuelle et affective de notre enfant.

A partir d’un certain âge, s’il le veut, il le peut, puisque son corps en a la capacité physique. Mais, à l’inverse, ce n’est pas toujours parce qu’il le peut, parce que son corps est prêt, qu’il le veut !

Pour résumer, en pratique, pas d’acquisition de la propreté avant la marche, soit le plus souvent entre 18 mois et 3 ans. Mais tout est différent d’un enfant à l’autre, et c’est aux adultes de s’adapter à la maturation de leur bébé. Certains enfants vont demander ou aller chercher le pot tout seuls, parfois par mimétisme avec les aînés qu’ils voient aller aux toilettes. D’autres ne manifesteront pas cette envie spontanément, et les adultes proposeront le pot, en s’adaptant à la réaction de l’enfant.

Choisir le bon moment : l'été ?

On vient de le voir, l’important est d’abord de respecter le moment où votre bébé semble prêt, tant dans sa tête que dans son corps. Et pour l’accompagner au mieux en tant que parents, il est vrai que la période estivale peut faciliter cet apprentissage. Et cela pour plusieurs raisons !

D’abord pour une raison de rapidité : compte tenu des températures élevées observées durant l’été, votre enfant aura une tenue plus légère comme une petite robe, un simple body ou un petit short et un tee-shirt. Ce sont donc des vêtements plus faciles et plus rapides à retirer qu’en plein hiver (où il portera un body, un pantalon et parfois même des collants dessous) en cas d’envie pressante.

D’autre part,  pour une raison très matérielle. Si malgré le fait qu’il soit moins habillé en été, un “petit accident” arrive, il est plus facile et plus pratique de faire sécher les draps et les vêtements en plein mois de juillet ou d’août. Des draps mouillés à la sieste par exemple peuvent être secs pour le soir, en période de fortes chaleurs !

Par ailleurs, si vous avez la possibilité d’être en vacances à ce moment-là, vous serez aussi plus disponible et plus détendu(e) pour prendre le temps d’accompagner votre bébé dans cette nouvelle phase de son développement. En étant toute la journée ensemble, vous aurez d’avantage la possibilité d’observer votre enfant et de percevoir le moment où le pot peut lui être proposé.  

En revanche, ce n’est pas parce qu’il fait chaud qu’il faut laisser votre enfant les fesses à l’air, en pensant que cela va l’aider. En effet, certains bébés sont très pudiques et détestent rester nus. Cela va au contraire les bloquer. Donc encore une fois, l’idée est de proposer des choses, puis de s’adapter en fonction des réactions de chaque enfant.

Que faire si mon enfant n’est pas propre pour sa rentrée à l’école en septembre ?

Ce dernier été avant la rentrée est souvent source de stress pour les parents : marchandage pour qu’il reste sur le pot, accidents et linge à laver plusieurs fois par jour, épuisement nerveux, réflexions possibles des grands-parents

Actuellement, si l’école est obligatoire à partir de l’âge de 3 ans, un enfant n’a pas obligation à être propre à son entrée en maternelle ! 

Selon un texte du Ministère de l’Education Nationale, “en abaissant à 3 ans l’âge du début de l’instruction obligatoire, la loi garantit aussi un égal droit d’accès à l’école à  tous les enfants, sans aucune distinction et avec la prise en compte des besoins éducatifs particuliers. Aucune autre disposition législative ne conditionne l’accès à l’école à la maturité physiologique des enfants. Tout enfant de plus de 3 ans doit pouvoir être inscrit dans une école maternelle. (…) L’éducation à la « propreté » se fait conjointement à l’école et dans la famille. Donc l’acquisition de la propreté ne peut en aucun cas être une condition qui empêche l’inscription et la fréquentation de l’enfant à l’école. L’Atsem et l’enseignant sont appelés à effectuer les gestes d’hygiène nécessaires pour conduire l’enfant à franchir cette étape, dans le respect de sa maturation et de son intimité.” *

Faites confiance à votre enfant. Il y aura peut-être quelques petits accidents juste après la rentrée, sous le coup de l’émotion. Le plus souvent, cela se règle au bout de quelques jours quand ils voient les copains aller sur les toilettes de l’école.

Les moments à éviter

Il est important d’éviter, dans la mesure du possible, de commencer l’acquisition de la propreté à un moment stressant de la vie de l’enfant :

  • un déménagement, 
  • un changement de nounou / mode de garde,
  • la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur (pourquoi j’enlèverais mes couches alors que le bébé en a ?),
  • un décès, une maladie ou évènement marquant dans la famille et l’entourage…

On parle beaucoup du bébé, mais il faut aussi que les parents soient prêts, notamment à accepter les accidents inévitables, pendant quelques semaines et quelques mois, jusqu’à ce que la propreté soit réellement acquise. 

Que faire s’il refuse / ne montre pas d’intérêt pour le pot ?

S’il n’est pas “intéressé”, c’est probablement qu’il n’est pas prêt ! Dans ce cas, il faut éviter de se lancer dans des batailles pour l’acquisition de la propreté, qui sont sources de conflits avec l’enfant. Il vaut mieux repousser cet apprentissage de quelques mois, jusqu’à ce qu’il soit prêt.

Donnez-vous jusqu’à 4 ans environ pour la propreté pour les selles (pour les urines, cela peut être un peu plus tard, notamment la nuit). Au-delà de cet âge, il faudra peut-être envisager une prise en charge plus adaptée si cette acquisition est vraiment retardée, auquel cas votre médecin vous conseillera.

Il s’agit d’un apprentissage et non d’un “dressage” : il ne faut ni forcer ni contraindre car ce serait prendre le risque de conflits qui pourraient retarder cette acquisition.

Comment peut-on l’aider et l’accompagner dans cet apprentissage ?

Les conseils et astuces :

  • lui expliquer que tout le monde va aux toilettes (papa, maman, grand frère ou grande soeur, etc.),
  • lui montrer éventuellement que l’on va sur les WC et sur le pot pour lui qui est plus petit,
  • mettre l’enfant sur le pot à des moments précis de la journée (au lever, après le déjeuner, avant la sieste, avant le bain, par exemple),
  • proposer de petits livres (petit Ours Brun, Tchoupi…),
  • s’amuser à faire tirer la chasse d’eau à l’enfant et dire au revoir au pipi ou aux selles,
  • donner un petit plaisir de type gommette ou bonbon après être allé sur le pot. Cela ne doit pas être vu comme une récompense car le fait d’aller sur le pot est un acte normal. Mais il s’agit de donner envie de recommencer, nous préférons tous la carotte plutôt que le bâton ! Simplement pour amorcer les choses, ensuite il n’y en aura plus besoin. N’hésitez donc pas à lui préciser que cela sera temporaire !

Choisir le pot / réducteur WC

  • Si vous optez pour un pot : vous n’êtes pas obligés de le laisser dans les toilettes ou la salle de bain, certains enfants aiment bien se promener avec leur pot, l’amener dans leur chambre ou dans le salon. Certains enfants pudiques préfèrent s’isoler dans un endroit rassurant pour eux et qu’on ne les regarde pas, et d’autres préfèrent que le pot soit intégré dans la vie familiale. On s’adapte !
  • Si vous choisissez d’utiliser les toilettes : un petit marchepied permettra à l’enfant d’être autonome et de monter tout seul sur les WC. Il est préférable dans ce cas d’assurer la stabilité de l’enfant avec un réducteur de siège, qui évitera aussi cette fameuse peur pour lui de tomber dans le trou.
  • Certains garçons ne veulent pas s’asseoir et vont préférer faire pipi debout. Il existe dans ce cas des petits urinoirs en plastique à ventouser sur un mur en faïence (en forme de grenouille ou de pingouin, très ludiques, avec un petit tourniquet à faire tourner avec le jet urinaire).

Combien de temps, en moyenne, dure cet apprentissage ?

L’apprentissage est très différent selon les enfants, tout comme les autres apprentissages (langage, marche…) : de quelques jours à plusieurs mois, mais il se fera de toute façon !

Est-ce qu’on enlève les couches le jour et la nuit en même temps ?

Pour certains enfants, oui, mais souvent les couches sont enlevées dans un premier temps la journée. Il est prudent d’attendre que les couches soient régulièrement sèches le matin pour les enlever la nuit. Cependant, certains enfants refusent de continuer à mettre une couche le soir (puisqu’ils n’en ont plus la journée). Il convient de respecter leur demande. Mais si toutes les nuits il faut changer les draps, vous pouvez alors lui expliquer que c’était peut-être un peu tôt, que cela viendra, et qu’en attendant vous allez remettre les couches, pour les enlever à nouveau un peu plus tard, lorsque le bon moment sera venu pour lui.

Peut-il y avoir un décalage dans l’apprentissage entre le pipi et les selles ?

L’acquisition de la propreté pour les urines et pour les selles se fait le plus souvent en même temps, mais pour un certain nombre d’enfants, l’acquisition de la propreté pour les selles est plus difficile.

Certains enfants vont avoir une espèce de crainte des toilettes pour les selles. Soit sans raison particulière, soit après des événements marquants comme la vue de leur première selle dans le pot, ou le fait d’avoir fait un caca incontrôlé dans le bain. Cela peut totalement les bloquer pour les selles, alors que la propreté urinaire est acquise sans souci.

Les parents doivent alors accepter ce qu’on appelle une “propreté à la couche”, qui se fait de plus en plus souvent : quand l’enfant a envie de faire caca, il demande simplement à mettre une couche pour ce faire. Il pourra être scolarisé sans problème, et attendra simplement d’être de retour à la maison pour demander une couche et faire caca. La situation risque d’être plus difficile si le recours à la couche est refusé car les selles risquent de finir par être émises dans la culotte, ce qui peut être assez mal vécu en milieu scolaire.

Dès qu’un enfant a des selles dures ou est constipé, il convient de consulter votre médecin pour l’aider et ainsi éviter qu’il ait des selles douloureuses et assimile le caca à la douleur, ce qui entraînerait un cercle vicieux douleur-rétention.

Que faire en cas de régression de la propreté ?

Toutes les situations sont différentes : est-ce ponctuel ? Est-ce que ça s’installe dans la durée ? Est-ce que ce n’est que dans le cadre scolaire ? Uniquement à la maison ? Ou partout ? Y a-t-il eu un événement marquant dans la vie de l’enfant (comme l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur) ? C’est vraiment à gérer au cas par cas, en demandant l’avis de votre médecin si le problème persiste dans la durée.

Quand parle-t-on d’énurésie ?

On distingue les troubles mictionnels diurnes de l’énurésie nocturne, dont on parlera plutôt à partir de l’âge de 5/6 ans, et qui est très fréquente (15% des enfants à 5 ans)**.

Il y a deux types d’énurésie : 

  • primaire (l’enfant n’a jamais été propre ou a été propre le jour mais pas la nuit), 
  • secondaire (l’enfant a été propre pendant longtemps puis a eu une régression).

Les causes de cette énurésie nocturne peuvent être multiples :

  • des enfants qui ont une petite vessie, qui se contracte trop, donc ils vont faire pipi plusieurs fois pendant la nuit,
  • des enfants qui vont produire une quantité d’urine très importante pendant la nuit,
  • des enfants qui ont un sommeil profond,
  • des facteurs psychologiques : un mal-être à l’école, un mauvais vécu de certains événements dans la famille, le fait de ne pas avoir envie de grandir, …

Il n’y a pas de remède miracle, mais certaines petites astuces très simples peuvent être utilisées pour accompagner l’enfant :

  • ne pas trop boire le soir à table notamment et éviter (ponctuellement) les plats comme la soupe ou les gaspachos,
  • ne pas oublier d’aller faire pipi avant d’aller se coucher,
  • mettre une petite veilleuse dans la chambre pour qu’il n’ait pas peur du noir et dispose d’assez de lumière pour aller aux toilettes la nuit.

Il y a peu d’intérêt à réveiller l’enfant au milieu de la nuit pour qu’il aille aux toilettes.

Il faut que les parents comprennent que ce n’est le plus souvent, ni de la fainéantise ni de la mauvaise volonté. Il faut expliquer à l’enfant que ce n’est pas de sa faute, le rassurer, lui dire qu’il n’a pas à en avoir honte, qu’il n’est tout simplement pas encore prêt. Dites-vous bien, en tant que parent, que cela va disparaître et si cela dure au-delà de l’âge de 6 ans, faites appel à votre médecin. 

En résumé : cette période nécessitera pour les parents d’être patients, à l’écoute, de répéter calmement comment faire à leur enfant, de s’adapter au rythme de l’enfant avec indulgence, autant que possible. Mais ne culpabilisez pas, vous avez bien sûr le droit de craquer ! Mais gardez en mémoire que quoi qu’il arrive, votre bébé va apprendre à gérer sa “propreté”, à son rythme…

* Question écrite n° 13850 de M. Serge Babary (Indre-et-Loire – Les Républicains)

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