Huile alimentaire pour bébé : laquelle choisir et comment l’introduire ?

Selon l’étude Nutri-Bébé SFAE 2022, les enfants n’ont pas tous des apports en lipides satisfaisants. En effet, nombreux sont ceux qui n’en consomment pas assez^[1]. Les lipides sont pourtant une source de nutriments essentiels pour le bébé, notamment pour :

• Contribuer au développement normal du cerveau et du système nerveux, par le biais de l’ALA (acide alpha-linolénique), un acide gras essentiel, lorsque présent en quantités suffisantes. Le DHA (acide docosahexaénoïque) et l’EPA (acide éicosapentaénoïque), des omégas-3, ainsi que l’ARA (acide arachidonique), un oméga-6, sont également importants.
• L’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E et K), qui nécessitent un support lipidique pour être assimilées efficacement par l’organisme^[2].

Aussi, les lipides sont une source d’énergie importante pour les tout-petits : les lipides font parti des principaux nutriments (avec les glucides et les protéines) qui fournissent de l’énergie aux organismes.
La part des lipides dans l’apport énergétique total devrait être, selon des recommandations françaises, de 45 à 50% pour les nourrissons et les enfants de 1 an à 3 ans, c’est à dire plus que dans l’alimentation de l’adulte (pour qui cet apport ne devrait être que de 35 à 40%).^[3]
De plus, veiller à un bon équilibre entre oméga-3 et oméga-6 est important. En effet, un excès d’oméga 6 dans l’alimentation adulte pourrait augmenter le risque de maladies métaboliques et d’obésité.^[4]
Le choix des matières grasses proposées à votre bébé ainsi que la quantité donnée sont donc importants. Il est important pour votre enfant (comme pour vous) d’avoir une alimentation variée et équilibrée ainsi qu’un mode de vie sain.

Il est conseillé d’introduire un filet d’un mélange d’huiles dans les repas de votre bébé, au début de la diversification alimentaire, dès que la quantité de lait maternel ou infantile proposée commence à diminuer au profit d’une purée de légumes lors du déjeuner par exemple.
Il est préférable d’ajouter le filet d’huile à la purée de légumes après réchauffage ou cuisson, juste avant de servir votre bébé, afin que l’huile ne chauffe pas et que les nutriments soient ainsi mieux conservés.
Côté quantités, commencez par quelques gouttes, puis augmentez progressivement, au fur et à mesure que la quantité de purée consommée par votre enfant augmente, jusqu’à proposer à votre enfant l’équivalent d’1 filet d’huile dans chaque petit plat (à base de légumes et féculents, avec ou sans viande, poisson ou oeuf).
Pour en savoir plus sur cette période, consultez notre article Le début de la diversification alimentaire

Certaines huiles sont particulièrement adaptées aux besoins des tout-petits. Voici lesquelles, et comment les utiliser :

• L’huile de noix :

  • Composition : l’huile de noix est naturellement riche en oméga-3 (acide alpha-linolénique), et contient également des antioxydants comme la vitamine E.^[5]
  • Critères de choix : optez pour une huile vierge donc pressée à froid et biologique, si possible issue de noix françaises. Veillez à ce qu’elle soit donc de première pression à froid, sans additifs ajoutés ni raffinage. Son goût peut être prononcé et ne convient donc pas à tous les petits plats.
  • Utilisation : à utiliser exclusivement à froid, en filet sur les purées de légumes et autres petits plats de votre bébé. Elle est fragile et sensible à la chaleur et à la lumière, il est donc recommandé de la conserver au réfrigérateur une fois ouverte.

En cas d’antécédents familiaux d’allergies alimentaires, demandez conseil à un professionnel de santé pour l’introduire dans l’alimentation de votre bébé.
Pour en savoir plus : Tout savoir sur les allergies alimentaires.

• L’Huile de colza :

  • Composition : tout comme l’huile de noix, elle contient des oméga 3 (acide alpha-linolénique)^[5]. Elle peut aider à équilibrer le rapport oméga-3 / oméga-6.
  • Critères de choix : privilégiez, si possible, une huile de colza vierge, bio, non raffinée.
  • Utilisation : à ajouter crue dans les purées de légumes. Ne la faites pas chauffer.

• L’huile de tournesol :

  • Composition : très riche en vitamine E et en acides gras polyinsaturés (oméga-6)^[5].
  • Critères de choix : choisissez, idéalement, une huile de tournesol vierge, biologique si possible.
  • Utilisation : à mélanger avec une huile plus riche en oméga-3.

•  Autres huiles intéressantes (à utiliser avec discernement) :

  • L’huile de cameline : particulièrement riche en oméga-3 tout en apportant également des oméga 6, elle est aussi source de vitamine E naturelle^[5]. À utiliser uniquement à froid et à conserver au réfrigérateur après ouverture, en raison de sa grande sensibilité à l’oxydation.
  • L’huile de lin : très riche en oméga-3 ^[5], cette huile est également fragile car très sensible à l’oxydation. À utiliser exclusivement crue, et à conserver au frais.

Largement répandue, l’huile d’olive fait partie de celles qui n’apportent que très peu d’oméga 6 et 3 et donc peu d’acides gras essentiels.
Elle est en effet riche en acides gras mono-insaturés (oméga-9), et contient aussi naturellement des antioxydants (vitamine E, polyphénols). Elle peut être utilisée de temps à autre en cuisson douce mais ne doit jamais être la seule huile présente dans nos cuisines.
Notre recette, dès 8 mois : Légumes du Sud & touche d’huile d’olive

Certaines huiles sont à éviter ou à limiter dans l’alimentation des tout-petits :

• Les huiles raffinées : une huile végétale sera soit « vierge » soit « raffinée », en fonction de son mode d’extraction. Si elle est extraite par pression, elle est qualifiée d’huile vierge. Les huiles vierges n’ont pas subi de traitement et ont une qualité nutritionnelle préservée : elles sont donc à privilégier pour l’alimentation des tout-petits.
• Les huiles riches en acides gras saturés, comme l’huile de coco peuvent être utilisées occasionnellement dans l’alimentation du bébé.

Le saviez-vous ?
L’acide palmitique, présent dans l’huile de palme, est l’acide gras saturé le plus présent dans le lait maternel.

Voici quelques conseils simples pour intégrer l’huile dans l’alimentation de votre enfant :

• Ajoutez un filet d’un mélange d’huiles dans chaque purée de légumes, après cuisson, afin de préserver les acides gras sensibles à la chaleur.
• Si votre enfant s’alimente avec ses doigts comme dans la DME (Diversification Menée par l’Enfant), vous pouvez napper légèrement les morceaux de légumes ou féculents avec de l’huile avant de les proposer à votre bébé, mais cela risque de rendre leur préhension bien plus compliquée pour votre enfant. Pour éviter cela, n’hésitez pas à proposer à votre bébé une petite partie de son repas à la cuillère, dans laquelle vous ajouterez de l’huile.
• Il est important d’éviter de chauffer les huiles utilisées à haute température, car ceci provoque la formation de composés potentiellement nocifs pour la santé de votre enfant et d’en dégrader les propriétés nutritionnelles .

Comme nous l’avons vu plus haut, en fonction de leur composition, certaines huiles sont particulièrement sensibles. Pour éviter qu’elles ne s’oxydent et veiller à conserver toutes leurs qualités nutritionnelles, suivez ces recommandations :

• Refermez bien les bouteilles après usage.
• Pour les huiles ne nécessitant pas d’être conservées au réfrigérateur, stockez les bouteilles dans un endroit frais et sec, à l’abri de la lumière (comme un placard).
• Vérifiez régulièrement leur date de péremption : une huile rance perd une partie de ses qualités nutritionnelles.

Privilégiez les huiles vierges donc pressées à froid et biologiques si possible.

• Ne faites pas chauffer les huiles sensibles à la chaleur (riches en oméga-3), mais ajoutez-les froides dans les purées de votre bébé, juste avant de servir son repas.
• Variez les huiles pour bénéficier d’un bon équilibre nutritionnel sur l’ensemble des repas, ou utilisez un mélange d’huiles équilibré.
• En cas de doute ou si votre enfant présente un terrain allergique, demandez conseil à votre pédiatre.

Les huiles végétales sont de précieuses alliées pour le développement de votre bébé. En les choisissant avec soin et en les intégrant 1 fois/jour puis 2 fois/jour dans son alimentation dès le début de la diversification alimentaire, vous lui offrez des nutriments nécessaires à sa croissance… tout en éveillant ses papilles !

Sources :
_{[1] Étude Nutri-bébé 2022 : Enquête sur les pratiques alimentaires et apports nutritionnels des bébés français de moins de 3 ans.
Ipsos pour le Secteur Français des Aliments de l’Enfance (SFAE).
https://www.alimentsenfance.fr/wp-content/uploads/2024/02/DP-Nutri-be%CC%81be%CC%81-2022-V10- corr.pdf
[2] https://www.who.int/publications/i/item/9241546123
[3]ANSES, Actualisation des Apports Nutritionnels Conseillés pour les acides gras – Version intégrant les modifications apportées par l’erratum du 28 juillet 2011
https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2006sa0359Ra.pdf
[4] Les acides gras dans l’alimentation du bébé 0 – 3 ans
Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA)
https://www.mpedia.fr/art-acides-gras-bebe-0-3-ans/
[5] Anses, table de composition nutritionnelle Ciqual 2020
https://ciqual.anses.fr}