
Filtre par âge ?
Quel est l'âge de bébé ? 17 mois
4mois 36
mois
Depuis environ 20 ans, une méthode alternative de diversification alimentaire a émergé : la DME, pour Diversification Menée par l’Enfant. Mais qu’est-ce que la DME ? La diversification alimentaire correspond à l’introduction de nouveaux aliments, autres que le lait maternel ou infantile, dans l’alimentation du bébé. Cette approche consiste à permettre au bébé, installé en position assise sur sa chaise, de se nourrir lui-même avec ses mains, avec des aliments proposés sous une forme solide et non réduits en purée. Découvrez-en davantage sur la pratique de la DME dans ce mini guide.
La diversification menée par l’enfant (DME) est une pratique initiée par une infirmière en Angleterre qui s’est étendue puis a été modifiée dans les pays anglo-saxons. Dans les papiers scientifiques rédigés en anglais on parle ainsi de BLW (pour « Baby-Lead Weaning) et de BLISS (Baby-Lead Introduction to SolidS). C’est donc une approche d’introduction des aliments solides à partir de l’âge de 6 mois dans laquelle le bébé est encouragé à se nourrir de manière autonome en saisissant avec ses mains/doigts des aliments. Il n’y a donc ni purée, ni cuillère durant les premiers mois de diversification. Cette méthode s’adresse aux nourrissons en bonne santé et sans problème neuromoteur, et s’il y a des allergies, intolérances ou problème digestif dans la famille, il faut un avis médical. Elle met l’accent sur le respect des signaux de faim et de satiété de l’enfant (ce qui reste recommandé dans le cadre de toute diversification alimentaire), et favoriserait le développement sensoriel et moteur de l’enfant.
De son côté, en France, le Programme National Nutrition Santé (PNNS), recommande un démarrage de la diversification alimentaire entre 4 mois et 6 mois, en proposant les aliments de manière progressive (augmentation des quantités et évolution des textures), tout comme la Société Française de Pédiatrie (SFP) et l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) ; même lors d’un allaitement, qui peut tout à fait être poursuivi en parallèle.
Ces professionnels de santé soulignent également l’importance de proposer des morceaux vers l’âge de 8/10 mois, afin de faciliter l’acceptation des différentes textures alimentaires.
L’AFPA(1) ne recommande pas en tant que telle la DME comme alternative à la diversification traditionnelle de bébé. En effet, il n’y a pas de définition claire de la DME, aucune étude ne prouve ses avantages, il manque des recherches démontrant son innocuité, mais aussi sur les risques d’apports nutritionnels non adéquats (notamment en fer, en acides gras essentiels) et des dangers d’accident grave par inhalation.
Cependant, évoquer cette méthode permet d’insister sur des réflexes et des pratiques importants et de les rappeler :
Dans le cadre de la DME, l’enfant va pouvoir manipuler chaque aliment, le mettre lui-même à la bouche. D’après Gill RAPLEY, considérée comme pionnière de la DME, cela va aider au développement de certaines capacités motrices chez le bébé. Néanmoins, cela n’a jamais été démontré scientifiquement.
Tout comme lors d’une diversification alimentaire classique, la DME combine le visuel notamment avec la couleur des différents aliments, le goût grâce à la variété des aliments proposés, et l’odorat. Dans les deux cas, un enfant peut ainsi découvrir de nouvelles saveurs.
Quant au toucher, elle permet au bébé d’écraser, attraper, manipuler et porter seul à la bouche sa nourriture de façon bien plus fréquente qu’en diversification alimentaire classique.
Même si on accompagne le bébé pendant son repas, on le laisse faire ses choix parmi les aliments proposés, manipuler les aliments, et les mettre à la bouche. Mais les conseils sont absolument identiques en matière de diversification classique. La seule chose pouvant éventuellement varier en DME, si les parents le souhaitent, est de proposer l’ensemble du repas au bébé en même temps, ce qui lui laissera l’opportunité de commencer par le dessert s’il le souhaite.
Souvent, le repas que l’on préparera pour le reste de la famille serait plus facilement adaptable à la DME, ce qui peut faire gagner du temps en cuisine (cela reste à démontrer car il vous faudra quand même passer du temps à adapter la taille et les textures des portions proposées à votre bébé !).
Néanmoins, gardez en tête qu’un bébé n’a pas les mêmes besoins nutritionnels que nous, adultes ! Attention à ne pas saler ni sucrer les aliments proposés, et à adapter les quantités des portions proposées, sans oublier d’ajouter les acides gras essentiels à son développement en versant un filet d’un mélange d’huiles dans un plat donné à la cuillère.
Pour les parents qui choisiraient de présenter tout le repas (plat et dessert) à leur bébé en même temps, cela ne permettrait pas à l’enfant d’apprendre l’ordre habituel dans lequel on prend un repas en France puisqu’il commencerait par ce qui le tente le plus. Lors de son arrivée à l’école maternelle par exemple, l’enfant pourrait alors être perturbé de ne plus pouvoir manger dans l’ordre qu’il souhaite…
L’enfant pourrait également mélanger plus facilement les différentes composantes de son repas. Il serait ainsi plus compliqué pour lui d’apprendre à reconnaître la saveur de chaque aliment.
Pendant la DME, l’enfant pourrait avoir tendance à n’accepter qu’une gamme limitée d’aliments, car il mangerait uniquement ce qu’il souhaite. Cette approche ne l’encouragerait pas à surmonter en douceur ses réticences face à certains aliments, ce qui pourrait réduire la diversité de son alimentation. En conséquence, l’enfant risquerait de ne pas bénéficier d’une variété suffisante d’aliments. Il serait donc crucial de trouver des moyens pour introduire progressivement, et sans le forcer, de nouveaux aliments, et d’encourager l’enfant à les essayer.
Par ailleurs, la DME demanderait plus d’énergie au bébé, qui pourrait se fatiguer plus vite que lorsque l’adulte peut l’aider en le nourrissant à la cuillère, et s’énerverait plus rapidement s’il n’y parvenait pas.
Préparer ses repas et notamment couper ses aliments à la bonne taille vous demanderait plus de temps que de mixer une purée au début de la diversification alimentaire. En règle générale, les repas seraient également plus longs, puisque c’est le bébé qui prendrait chaque aliment un à un.
Enfin, nettoyer après les repas pris en DME vous demanderait probablement un peu plus de temps.
Un autre inconvénient avec la DME, c’est que votre bébé risquerait de mettre de la nourriture un peu partout en mangeant : vêtements (c’est pourquoi un grand bavoir à manches est recommandé !), cheveux, sol, chaise haute, … Mais là aussi, ce serait un réel apprentissage pour votre bébé que d’apprendre à manger.
Comme nous venons de le voir, avec la DME, l’enfant peut se fatiguer plus vite au cours du repas et, au final, ne pas manger en adéquation avec ses besoins, à savoir, pas suffisamment.
La DME présente donc des risques sur le plan nutritionnel(2) tels qu’un apport insuffisant en énergie, mais aussi des carences en acides gras essentiels, et en fer, en zinc et en vitamines qu’il faudra veiller à éviter, afin de garantir le bon développement de l’enfant. Un excès de protéines, graisses saturées, sel et sucre peut également être constaté. Dans les pays anglo-saxons, ils recommandent l’utilisation de céréales infantiles enrichies en fer à donner en bouillie à la cuillère. Attention, cependant à ne pas déséquilibrer l’alimentation de votre bébé car il n’est pas toujours facile d’intégrer, dans les 4 repas traditionnels français, de telles préparations.
Il est donc nécessaire de veiller à proposer à votre bébé une quantité adéquate, selon son âge, de viande, poisson, œuf, … (sources de protéines), des légumineuses, …
Le risque majeur lors de la DME est celui de l’étouffement, compte tenu de l’importance et de la fréquence des morceaux proposés.
Encore plus que lors d’une diversification alimentaire classique, il est nécessaire de :
Découvrez tous nos bons réflexes à adopter pour prévenir les risques de fausses routes !
Si c’est une source de stress trop importante pour vous, n’hésitez pas à prendre le temps de suivre une formation aux gestes de 1ers secours et à rester plutôt sur une diversification alimentaire classique durant laquelle l’introduction des morceaux se fera plus en douceur. Vous serez ainsi plus sereins lors des repas !
Pour les enfants ayant une dermatite atopique et/ou étant déjà allergique à un aliment, cette méthode peut être déconseillée car il n’est pas recommandé que le 1er contact avec un nouvel aliment se fasse via la peau de bébé potentiellement lésée (notamment s’il présente des lésions sur les mains) voire même sur une peau intacte. Et laisser un enfant porter seul à la bouche les aliments, sans couverts, pourrait favoriser l’apparition d’allergies alimentaires.
Sources :
(1). DME bébé : effet de mode ou méthode à adopter ? – mpedia.fr
(2). « La diversification alimentaire menée par l’enfant (DME) : progrès dans l’alimentation du nourrisson ou pratique à risque ?». SFE, Mise au point pratique, Perfectionnement en Pédiatrie 2023;6:40–55.