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Comprendre et accompagner le sommeil de votre bébé

Le sommeil du bébé est un vaste sujet. Dans ce nouveau Podcast des parents curieux, Audrey Marccaggi, Psychomotricienne en néonatologie et à l’unité de soins psychiques et pédiatriques précoces de l’hôpital Natecia (unité spécialisée dans les premiers liens parents bébé et l’accompagnement des troubles du bébé), nous aide à mieux comprendre le rythme de sommeil du bébé, pour que nous, parents, puissions mieux l’accompagner.

Les questions phares auxquelles Audrey Marccaggi répond dans ce podcast : 

Pourquoi le sommeil est-il aussi important pour le bébé ? En quoi est-il autant un enjeu pour les parents ?

Un bébé qui dort ou qui ne dort pas a un énorme impact dans la vie quotidienne d’une famille ! Physiologiquement, dormir est aussi indispensable que respirer et manger. Dans ce podcast, nous nous intéressons aux choses importantes qu’on a besoin de connaître sur le sommeil du bébé entre 0 et 1 ans. Les difficultés du sommeil du bébé seront abordées dans un second podcast, qui tentera de répondre à la question récurrente : « mais pourquoi ne dort-il pas ? ».

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette unité de jour et de nuit qui aide les parents en difficulté ?

A Natecia, les familles viennent consulter pour des raisons différentes :

  • Difficultés autour de la relation, de la parentalité, se posant des questions comme « comment je deviens parent de cet enfant ? »
  • Difficultés liées à la vie quotidienne : comment est-ce que mon bébé mange ? Comment évolue-t-il dans son développement psychomoteur ? Comment dort-il… ou ne dort-il pas ?

L’approche est pluridisciplinaire : psychomotricienne mais aussi psychologues, sages-femmes, infirmières, pédo-psychiatres, psychiatres, auxiliaires de puériculture réfléchissent tous ensemble aux difficultés rencontrées par les familles.

Chaque famille et chaque situation est très particulière et il est important de s’y adapter.

Comment dort le bébé ? Est-ce qu’il a le même rythme que nous ? Quels sont ses besoins ?

Non, le bébé n’a pas du tout le même rythme de sommeil que nous, adultes. Surtout de 0 à 1 an, ce rythme est vraiment spécifique…
On sait encore peu de choses sur le sommeil : des découvertes sont faites tous les ans dans les centres de recherche sur ce sujet !

Une grande partie des enfants qui ont des difficultés scolaires ont des troubles du sommeil très discrets, qu’on retrouve en fait à l’exploration.

Saviez-vous que, physiologiquement, le bébé dort pendant toute la grossesse ?

Les bébés ont de gros besoins de sommeil, qui évoluent beaucoup entre la naissance et l’âge de 3 ans :

  • entre 0 et 3 mois : entre 16 et 20h par jour.
  • entre 3 et 6 mois : 15h par jour
  • entre 6 et 12 mois : 14h par jour
  • entre 12 et 24 mois : 13h30 par jour
  • entre 2 ans et 3 ans : 13h par jour
  • à l’âge de 3 ans : 12h par jour.

Entre la naissance et l’âge d’un an, la variation est importante !

Comment s’organise ce rythme de sommeil dans la journée ?

Entre la naissance et l’âge de 3 mois, votre bébé n’a pas du tout de notion jour / nuit : il dort et se réveille en fonction de ses besoins physiologiques. La notion d’éveil est toute nouvelle pour lui puisqu’il dormait pendant la grossesse. Il a donc plus l’habitude de dormir que d’être réveillé et ce sont la faim ou l’inconfort qui le réveillent.

Par exemple, il se rendort dès qu’il a mangé : son inconfort lié à la faim s’arrête, il peut donc retourner à son état physiologique naturel qui est de dormir.

Puis, la différence entre le jour et la nuit s’installe peu à peu durant les deux premiers mois, les phases d’éveil en journée augmentent, votre bébé devient de plus en plus curieux. Son sommeil va s’organiser autour de phases de siestes la journée, et de nuits entrecoupées d’éveils encore liés a la faim, aux pleurs du soir, aux coliques, au besoin de retrouver ses parents. Vers 3/4 mois, il fait souvent 3 siestes par jour et se réveille encore la nuit.
Il gardera ces 3 siestes par jour jusqu’à l’âge d’un an, où en général, on peut passer à deux siestes par jour : une le matin et une l’après-midi.

Quand faut-il s’inquiéter si le bébé ne dort pas assez ? A contrario, est-il possible qu’un bébé dorme « trop » ?

Il est important de rappeler que le nombre d’heures de sommeil indiquées pour chaque âge correspond à des chiffres indicatifs, des moyennes, des généralités : chez les bébés, il y a des « petits » et des « grands » dormeurs comme chez nous, adultes.
Par contre il y a effectivement des bébés qui dorment trop et d’autres pas assez par rapport à leurs besoins. Pour avoir une petite idée de si on est dans la normale ou si quelque chose ne va pas, il est important d’observer votre bébé :

  • si votre bébé sourit, est éveillé, communique, aime bouger, apprend à se retourner, à marcher, est curieux et serein face à la nouveauté, etc., il n’y a pas d’inquiétudes à avoir
  • au contraire, si votre bébé ne sourit pas, ne gazouille pas, est « tendu », s’arcboute souvent en arrière, a facilement peur, n’arrive jamais à jouer seul au sol, s’agite, ne regarde pas quand on lui parle etc., il est important d’en parler avec le pédiatre qui suit votre enfant. Seuls, ces signes ne sont pas graves, mais s’ils se superposent, cela peut vouloir dire que quelque chose gêne votre bébé. Il peut se réfugier dans le sommeil ou au contraire le fuir, pour différentes raisons qu’il faudra décoder.

Comme le bébé ne parle pas, sa façon de communiquer est surtout corporelle. Trop dormir, ne pas dormir, ne pas manger, s’agiter, “se coller” peut être une façon de vouloir dire quelque chose : mal-être corporel (reflux, allergie, douleur) ou émotionnel.

Comment s’organise le sommeil chez le tout-petit ?

Selon le Dr Chalamel, le sommeil est constitué d’une succession de petits trains qui nous emmènent en voyage.
Chaque petit train correspond à un cycle de sommeil et est composé de plusieurs wagons qui représentent les différents stades de sommeil. La longueur des trains (c’est-à-dire la durée des cycles) mais aussi leur composition, varie selon l’âge : chez le nouveau-né, chaque train est constitué de 2 wagons (1 wagon de sommeil agité et un wagon de sommeil calme) alors que chez l’adulte, chaque train en comprend 5 (2 wagons de sommeil lent léger, 2 wagons de sommeil lent profond, 1 wagon de sommeil paradoxal).

Votre bébé s’endort en sommeil agité et passe ensuite en sommeil calme :

  • Le sommeil agité (équivalent du sommeil paradoxal chez l’adulte)
    Le visage du bébé est animé de petits mouvements, sa respiration est irrégulière, l’activité de son cerveau est intense. Il peut avoir des mouvements corporels au cours desquels il devient rouge, s’étire, grogne. Parfois il peut ouvrir les yeux un court instant. Il peut même pleurer un peu. Cela dure de quelques secondes à 1 à 2 minutes et il se calme. Mais en fait, il dort !
  • Le sommeil calme (équivalent du sommeil lent chez l’adulte)
    Le bébé est immobile, ses yeux sont fermés sans mouvements oculaires, son visage est détendu. Il a juste des mouvements de succion, parfois. Sa respiration est calme et régulière.

Il est important de ne pas confondre “sommeil agité” et “réveils” ! Ce n’est pas évident car durant le sommeil agité, votre bébé peut faire des petits bruits, voire pleurer un peu pendant son sommeil… De même, comme un adulte, votre bébé peut avoir de courtes périodes d’éveil entre 2 cycles, ce qui explique certains réveils nocturnes. Mais il ne faut pas obligatoirement se précipiter : votre bébé peut être en train de dormir ou va se rendormir tout seul. Il est important de prendre le temps de l’observer ou de l’écouter sans intervenir immédiatement : ne le prenez pas dans les bras, ne lui parlez pas, ne le nourrissez pas de manière systématique.
Le risque est de lui donner l’habitude de se réveiller en sommeil agité/paradoxal, alors qu’il a juste besoin de passer d’un petit train à l’autre. Si votre bébé a vraiment un besoin, il se réveillera pour de bon et vous le fera savoir clairement.

Concrètement, à partir de quel âge un bébé a-t-il les capacités de "faire ses nuits" ?

Ça dépend ! Déjà, qu’est-ce que “faire ses nuits” pour un bébé ? En pédiatrie, la définition donnée est de dormir 5/6h d’affilée sans avoir de réelle phase d’éveil (vrai réveil et pas micro-réveil entre 2 cycles comme évoqué précédemment). Si votre bébé s’endort à 21h et se réveille à 2h du matin, il a fait sa nuit… ce qui est moins long que ce dont on rêve en tant que parents !

Il est cependant intéressant de regarder les pourcentages :

  • à 2 mois : 1 bébé sur 4 fait ses nuits
  • à 3 mois : 3 bébés sur 4 font leurs nuits
  • à 10 mois : 90% des bébés font leur nuit !

On voit qu’il y a vraiment un point de bascule à un moment, qui fait qu’on arrive à 10 mois avec la grande majorité des bébés faisant leurs nuits. Ils ont acquis la capacité physiologique de ne plus avoir besoin de boire la nuit et de pouvoir se rendormir seuls, même s’ils ont des petits réveils. Avant cette bascule, on voit dans les chiffres que le bébé est trop petit, sauf chez les bébés particulièrement stables physiologiquement et émotionnellement et qu’il y arrivent tous seuls, spontanément.

Est-ce qu’on peut aider un bébé à faire ses nuits ? Et si oui, comment ?

C’est une question sensible pour laquelle il est important d’avoir deux notions en tête :

  • Quand votre bébé est tout petit, soit avant ce point de bascule, il n’est en général pas prêt à faire ses nuits. Il ne servirait donc à rien de vouloir « l’éduquer » à tout prix à faire ses nuits. C’est même une erreur, quand on essaye trop tôt, qui peut avoir des conséquences embêtantes : en effet, cela ne va pas marcher, donc en tant que parents vous allez vous sentir incompétents, perdre confiance en vous en en votre bébé. Cette exigence de se caler sur un rythme de vie d’adulte peut lui mettre beaucoup de pression car physiologiquement il n’en est pas encore prêt. Si on l’y oblige en le laissant pleurer jusqu’à ce qu’il s’épuise, on lui apprend à se désespérer alors qu’il appelle à l’aide. Si vous avez un bébé qui a fait ses nuits très tôt, avant 3, 4, ou 5 mois, c’est juste qu’il était stable et capable d’y arriver par lui-même.
  • Par contre, après ce point de bascule, qu’on peut situer de 3 à 6 mois environ (en étant souples), ce sont effectivement les parents qui vont accompagner le bébé pour passer de son rythme spécifique (ou de son non-rythme si on peut dire) pour, au fil du temps, s’accorder avec le rythme des plus grands. Un accompagnement qui se fera par les habitudes de vie et ce qu’on appelle les « donneurs de temps ».

Il n’est en aucun cas question de dresser votre enfant. Les enfants ne sont pas de petits animaux qu’on peut éduquer par la force. Votre bébé apprend majoritairement par imitation, l’idée est donc plutôt de l’accompagner pour qu’il se cale sereinement dans des habitudes de sommeil qui garantiront qu’il dort assez la nuit pour s’éveiller la journée et ainsi découvrir tout ce qui l’entoure.
C’est à dire : comment passer d’un cycle de sommeil à l’autre sans me réveiller vraiment ? Comment m’endormir ou me rendormir seul ? Me sentir en sécurité la nuit ?… Toutes ces questions qui font que la majorité des bébés font leurs nuits à 10 mois.
Cela passe par un certain nombre de questions à se poser et aussi par la mise en place des fameux rituels de sommeil dont on parlera dans le prochain podcast.

Faut-il quand même lui « apprendre » la différence entre le jour et la nuit ? Si oui, comment ?

Oui, c’est très important. Les recherches montrent que c’est bien d’apprendre à votre bébé à différencier le jour et la nuit.

C’est ce qu’on appelle les “donneurs de temps”, qu’on utilisera dès le retour de la maternité. La nuit, on est dans le noir et il y a beaucoup de silence, c’est plus calme. La journée, en revanche, on va laisser de la lumière, même pour dormir à l’heure de la sieste du bébé. Prenez l’habitude de sortir dehors pour qu’il profite de la lumière extérieure. Faites-le participer aux événements de la journée, à la vie de la maison, en instaurant un rythme qui sera le même de jour en jour (donner le bain toujours le matin ou toujours le soir, par exemple).

Après l’âge de 3 mois, il va être très important d’aider votre bébé à différencier le temps du repas et le temps d‘endormissement, car physiologiquement, il n’a plus besoin de s’endormir en mangeant. « Je mange, puis je m’endors » est une nouvelle habitude à prendre !

Pleurs du soir : d’où viennent-ils et comment les gérer et calmer le bébé ?

On entend beaucoup de choses sur ces pleurs du soir : angoisse, pleurs de décharge… Ils sont en tout cas très répandus et tout à fait normaux. Ils sont notamment dus à la mise en place du rythme jour/nuit, qui s’accompagne de signes assez désagréables pour nous, parents.

En effet, l’enfant qui avait passé une journée calme, avec des horaires presque organisés, se met à pleurer désespérément en fin d’après-midi. Vous avez l’impression que rien ne semble pouvoir sortir votre enfant de ce malaise. Presque toujours, en tant que parents, on va interpréter ces pleurs comme des signes de faim ou de douleur indéterminable, souvent à tort.

En dehors d’un réel problème physique non diagnostiqué (mais qui embêterait aussi votre bébé tout au long de la journée) il s’agit de la première manifestation de la phase normale d’hyperactivité en fin de journée. L’enfant a littéralement “emballé” son système d’éveil et ne sait plus l’arrêter.

La seule façon d’en sortir est de l’apaiser en lui procurant le plus de calme possible et le plus de sécurité : pièce sombre, calme, bain chaud dans une pièce peu éclairée, ventre du bébé calé sur vos genoux ou votre épaule, peu de paroles, pas de stimulations, pas de biberon ou de tétée. On baisse le niveau de stimulation pour aider le système d’éveil à se calmer, au niveau neurologique.

La tentation de distraire votre bébé ou de l’amuser, lui raconter des histoires, etc. envoie à son cerveau le message de continuer à rester réveillé et intéressé par des stimulations, alors que votre objectif est de le calmer.

Il est important d’avoir en tête que ce n’est pas grave pour un bébé de pleurer longtemps si ce ne sont pas des pleurs de douleurs, tant qu’il est accompagné dans ses pleurs. Pour vous, parents, ce sont souvent des moments très éprouvants, les pleurs du soir. Sachez que même quand vous avez l’impression de ne “servir à rien”, avec un bébé qui pleure tout contre vous, c’est utile car votre bébé n’est pas tout seul ! N’hésitez pas à chercher quelqu’un qui puisse prendre le relais autour de vous, auprès de vos amis, de membres de votre famille, ou encore de professionnels.

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