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Tous nos conseils pour introduire les morceaux dans l’alimentation de votre bébé lors de la diversification alimentaire

Dans ce nouvel épisode du podcast des Parents Curieux de Blédina, le Docteur Karine GARCETTE, pédiatre spécialisée en nutrition et gastro-entérologue, nous livre tous ses conseils pour introduire les différentes textures et les morceaux dans l’alimentation de nos bébés. 

La diversification alimentaire présente des enjeux multiples : d’abord ceux des apports nutritionnels qui évoluent lorsque l’on passe d’une alimentation composée à 100% de lait, avec notamment l’introduction des fibres grâce aux fruits et aux légumes. L’introduction des allergènes ensuite, avec ces nouveaux aliments que le corps doit apprendre à tolérer. Et puis la découverte sensorielle, avec celle du goût des aliments. 

L’introduction des nouvelles textures et des morceaux permet le développement des capacités oraux-motrices. C’est également une période importante pour apprendre le plaisir de manger et, bientôt, arriver à table avec le reste de la famille, pour partager ce moment de socialisation.

Les parents doivent l’accompagner cette étape importante qu’est l’introduction des morceaux, lors de la diversification alimentaire.  

Découvrez les questions et conseils abordés par le Dr Karine GARCETTE dans ce podcast

L'introduction des textures et des morceaux se prépare très progressivement

L’introduction des morceaux est très progressive. Il est important que cette étape soit répétée et régulière et que les parents s’adaptent à leur enfant et à ses capacités orales. 

Cela se fait par étapes : entre 4 et 6 mois, l’enfant découvre les textures très lisses. Vers 6 mois, les purées de fruits et de légumes deviennent plus grumeleuses. À 8 mois, l’enfant découvre les petits morceaux fondants. Et, vers l’âge de 10 mois, les morceaux plus fermes, plus croquants, plus gros. Il commence à les mâchouiller. 

Pour réussir le passage progressif de l’alimentation lisse à l’alimentation en morceaux, il est important de présenter au bébé les aliments de manière très régulière mais aussi de ne pas se contenter d’un apprentissage alimentaire : avant de découvrir les aliments par le goût, l’enfant doit les voir, les sentir, les toucher, etc., afin qu’il les découvre. Ils doivent donc lui être présentés sur la table afin que l’enfant puisse jouer avec, tester leur dureté, leur douceur, grâce à sa main. 

Pour accompagner cette découverte, l’enfant doit être autorisé, dès son plus jeune âge, à découvrir les objets par la bouche. C’est ainsi qu’il va appréhender, en portant ces objets à la bouche, un certain nombre de sensations qu’il retrouvera lorsqu’il commencera à manger. Tous ses sens doivent être utilisés.

Faut-il attendre que l’enfant ait des dents pour lui faire découvrir textures et morceaux ?

Contrairement à une idée très répandue, il ne faut surtout pas attendre que l’enfant ait des dents pour lui proposer des morceaux. Les petites dents de devant, qui sont les premières à sortir, servent à croquer. Or l’enfant, lorsqu’il va commencer à manger des aliments mous, va les mâchouiller, les malaxer, les écraser par la mâchoire et entre son palais et sa langue : il n’a absolument pas besoin de dents pour cela.

De quelle manière introduire les premiers morceaux dans l’alimentation de votre bébé ?

Pour lui donner de vrais morceaux, il faut que l’enfant puisse les tenir avec ses mains (qu’il sache faire la pince “pouce-index”).  Il est important que l’enfant se tienne droit et assis tout seul. Mais si un enfant tient bien sa tête et que son dos est bien maintenu, il peut commencer à mâchouiller un peu de pain et de gâteau par exemple. 

Si on lui donne des petits morceaux mous et fondants de légumes ou de fruits, l’enfant va les écraser entre sa langue et son palais. Pour s’assurer que les morceaux (qui peuvent également être des pâtes bien cuites) sont suffisamment tendres, on peut faire le test soi-même : il faut pouvoir écraser le morceau entre sa langue et son palais en deux coup de langue contre palais maximum. 

Plus tard, pour les morceaux plus fermes, on peut lui proposer des morceaux d’environ 1 à 2 cm qu’il puisse attraper avec les mains, par exemple sous forme de petits bâtonnets.

On peut également lui proposer les aliments à la cuillère mais lui laisser les toucher avec les mains est important afin qu’il les découvre par lui-même, ce qui facilitera cette étape. Sans cela, c’est un peu comme si je vous bandais les yeux et vous mettais un aliment nouveau dans la bouche, sans avoir pû au préalable l’appréhender. Si je vous donne quelque chose de désagréable, vous serez très surpris… 

Ce petit homme aura beaucoup de plaisir à imiter la famille en se mettant à table dès qu’il tient bien assis. C’est le début du chemin vers l’autonomie ! 

Peut-on mélanger deux textures différentes dans l’assiette de bébé ?

On peut bien sûr proposer une purée lisse et des morceaux mais certains enfants n’aiment pas les mélanges. Ils seront surpris si, dans une bouchée de purée lisse, il y a un morceau : on parle de surprise sensorielle, qui peut conduire à un réflexe nauséeux. Les parents peuvent alors avoir le sentiment que leur enfant n’est pas prêt ou qu’il ne tolère pas les morceaux. Mais cela veut juste dire qu’il est préférable de séparer les aliments. Des petites pâtes mélangées à une purée lisse ou un bouillon au vermicelles sont des exemples de plats bi-textures que certains enfants n’apprécient pas du tout. Il est donc préférable de séparer les textures en proposant d’un côté une purée lisse et de l’autre de petits morceaux de légumes mous ou selon le repas, un boudoir, un petit morceau de pain,… 

Lorsque l’on introduit les morceaux, il est également important de vérifier que les pâtes, par exemple, ne sont pas trop sèches, qu’elles ne sont pas al dente mais bien molles pour que l’enfant puisse les écraser en bouche. Plus l’aliment est ferme, plus il est important d’y ajouter du liant (crème fraîche, beurre, petites sauces) afin que l’aliment glisse et parte facilement vers l’arrière. 

Si l’on donne, par exemple, des haricots verts ou des lentilles, il est important de vérifier qu’ils ne contiennent pas de résidus, tels que des petits fils ou une petite peau qui peuvent surprendre l’enfant. 

Si l’enfant a un réflexe nauséeux ou fait une grimace en découvrant un nouvel aliment ou une nouvelle texture, ce sera le plus souvent l’effet de la découverte et de la surprise de la nouveauté rencontrée. Il ne faut pas s’arrêter là, mais renouveler l’expérience, sans toutefois le forcer. Comme pour les acquisitions motrices, il faut guider l’enfant et le faire progresser en répétant de manière régulière. 

On ne s’inquiètera que si au bout d’un mois de répétitions, l’enfant n’y arrive toujours pas.Il faut donc du temps !

Que penser de la diversification menée par l’enfant (DME) ?

Dans la diversification menée par l’enfant pure, l’enfant choisit ses aliments : on en pose un certain nombre, en morceaux, devant lui, et c’est lui qui décide ce qu’il va manger ou non. Il peut aussi manger la même chose que ses parents, dans des textures et des quantités bien sûr adaptées (et en évitant certains aliments interdits aux tout-petits). 

La problématique de la DME, c’est que les apports nutritionnels ne sont pas toujours bons et que des carences peuvent apparaître, notamment en fer. Celui-ci est en effet principalement apporté par la viande, qui va être difficile à mâcher en morceaux, car elle est plus fibreuse. Si on ajoute de l’huile sur des morceaux de légumes pour les enrichir, ils risquent de glisser et l’enfant ne pourra pas les manger… 

On peut donc donner des morceaux à la main (c’est ce qu’on appelle de la finger-food) mais la compléter avec une alimentation à la cuillère, qui sera plus riche, et que l’enfant pourra manger seul ou à l’aide de l’adulte, afin d’optimiser l’équilibre nutritionnel.

Dans quel environnement proposer des morceaux à votre bébé ?

Encore une fois, l’essentiel avant d’introduire des aliments à la texture non-lisse, c’est de s’assurer que l’enfant tienne sa tête droite. On peut l’installer dans un transat qui se redresse et ne soit pas allongé : l’enfant n’est alors pas forcément tout à fait droit mais son dos est maintenu. 

Lorsque l’enfant est plus grand, qu’il tient bien assis seul, il est important que ses pieds soient posés bien à plat. Sa chaise doit être adaptée avec un repose pieds. Celles qui permettent à l’enfant d’être directement à table, qui ne disposent donc pas de plateau, sont particulièrement intéressantes car l’enfant peut alors être avec la famille et être dans l’imitation. 

Pendant le repas, le parent doit être réellement présent avec son enfant : pas de smartphone, de télévision en fond, ou autres distractions. On doit être complètement en lien avec son enfant pendant le repas. Car manger, c’est aussi la socialisation et la mise en place de liens affectifs. L’aspect social du partage de repas est très important et se développe dès le plus jeune âge. 

Parfois, on met l’enfant devant un dessin animé pour le nourrir afin notamment de s’assurer que ses besoins nutritionnels soient couverts car on voit qu’il mange davantage. Mais les professionnels de santé préfèrent que les enfants mangent moins mais avec davantage d’interactions. S’il le faut, on peut même jouer avec la nourriture : faire l’avion avec la cuillère, montrer à son enfant qu’on peut faire des bruits amusants avec ses dents, sa bouche, chanter des comptines… Cela pour inciter l’enfant à être dans l’imitation.

Autre conseil fondamental : le respect du bébé, de sa fatigue et de son appétit. On ne force jamais un enfant à manger, ce serait délétère, mais on s’adapte. Si l’enfant est trop fatigué pour manger des morceaux en fin de dîner par exemple, on peut écraser ce qui reste et l’aider à terminer à la cuillère. Il est important de respecter le niveau d’énergie de l’enfant, sa satiété, ses signaux. 

Si besoin, il faut se faire accompagner par un professionnel de santé ! 

Il faut donc tordre le coup à cette injonction qui dit qu’on ne joue pas avec la nourriture ! 

L’enfant doit pouvoir la toucher, la manipuler… C’est bien plus tard qu’il devra apprendre à manger proprement. Lorsqu’il découvre les aliments, les textures, il faut disposer un grand tapis au sol ou lui mettre un grand bavoir. Et s’il y en a partout, tant pis ! 

Comment éviter la fausse-route tant redoutée par les parents ?

Pour éviter la fausse-route et les risques d’étouffement, la première chose à faire est de vérifier que l’enfant est installé dans la bonne position : il doit bien tenir sa tête et avoir le dos bien droit, ou s’il ne tient pas assis tout seul, avoir le dos maintenu. Il faut également bien le connaître : on ne donne pas des morceaux trop gros à un enfant, surtout si les aliments sont ronds (conseil : toujours couper en morceaux les aliments ronds (raisin, mirabelles, tomate cerise, …) et ne pas proposer d’aliments coupés en rondelles (rondelle de carotte ou de banane) mais systématiquement les couper en plus petits morceaux). Ce n’est pas parce qu’un bébé sait manger des morceaux qu’on doit lui donner un raisin entier par exemple. Si l’on applique ces deux consignes, les risques de fausse-route sont très rares.

Comment réagir face au réflexe nauséeux des bébés ?

Si l’enfant a un réflexe nauséeux, qui peut être impressionnant, il ne faut pas paniquer d’autant plus que bien souvent au début, il ne s’agit pas réellement d’un réflexe nauséeux mais plutôt d’une réaction de l’enfant qui est étonné de ce qu’il a en bouche. Cela arrive lorsque l’enfant est surpris sensoriellement, par exemple quand on lui propose un aliment qui gicle en bouche (la clémentine) ou un plat bi-texture. Ce réflexe disparaît avec le temps. S’il persiste et qu’on ne parvient pas à introduire les morceaux, alors on peut s’inquiéter et demander de l’aide à un professionnel. Pour limiter cela, il faut bien faire attention à bien cuire les aliments ou à essayer d’enlever des petits morceaux gênants pour certains enfants (comme des petits fils, petite peau). Mais il est important de ne pas s’arrêter à un réflexe nauséeux. ,

D’autre part, les parents ne font pas toujours confiance à leur enfant, par peur. Alors qu’il faut simplement lui laisser le temps d’avancer dans cet apprentissage. La première fois qu’il goûte un aliment, il peut être surpris et avoir un petit réflexe nauséeux, la seconde, il commencera à comprendre, à s’y habituer… Si quelque chose ne passe pas, on peut revenir un peu en arrière, à la texture grumeleuse pas exemple. On peut aussi lui proposer par exemple un gâteau sec : l’enfant va vite comprendre qu’une texture dure peut fondre, devenir molle, puis être avalée. Il faut donc lui faire confiance, s’adapter à lui en l’accompagnant dans cet apprentissage, créer l’environnement propice et le placer dans la position adéquate !

Que faire lorsqu’un bébé refuse de manger des morceaux ?

Quoi qu’il en soit, le forcer est vraiment délétère. Pour l’aider à apprécier les morceaux, il faut avancer progressivement et travailler avec l’enfant la sensorialité non alimentaire. Par exemple, un bébé qui a du mal avec les textures un peu collantes, épaisses, telles que le fromage fondu ou la confiture, pourra s’y habituer en jouant avec de la peinture à doigts. Le fait d’avoir une texture collante sur les doigts va l’aider à appréhender puis accepter, petit à petit, cette même texture en bouche.

Pour un enfant qui a des difficultés à accepter les morceaux de légumes en bouche, je conseille de revenir sur les textures un peu sèches telles comme les biscuits qui peuvent être mâchouillés croqués : encore une fois, l’enfant apprend alors qu’une texture sèche se ramollit en bouche et qu’il peut ensuite déglutir. C’est un apprentissage progressif.

À partir de quel âge doit-on consulter un professionnel de santé en cas de refus des morceaux ?

Idéalement, les morceaux doivent être introduits avant l’âge de 10 mois et les purées épaisses avant 8 mois. On peut s’inquiéter si on n’y parvient pas après avoir répété les présentations d’aliments et l’avoir familiarisé avec eux. On peut s’interroger aussi si le réflexe nauséeux persiste.

Si en plus l’enfant ne porte pas les objets à la bouche, le diagnostic peut s’orienter vers les troubles alimentaires pédiatriques. 

Plus on dépiste tôt ces enfants en grande difficulté (vers 10-12 mois), plus leur rééducation sera facile. En revanche, c’est plus long et plus difficile avec les enfants qui sont dépistés plus tard, vers 18-24 mois.

En conclusion….

Rappelons que les textures des aliments doivent évoluer dès le début de la diversification de manière progressive. Le point important à retenir est que l’introduction des morceaux doit se faire avant l’âge de 10 mois. Pour y parvenir, les textures doivent évoluer dès l’âge de 4 mois, puis à 6 mois puis à 8 mois, puis à 10 mois. Tout cela avec une progression et des  morceaux de moins en moins fondants. Autre rappel important : on n’attend pas les dents pour introduire les morceaux. 

Les enfants apprennent à manger grâce à tous leurs sens. On les laisse donc découvrir avec plaisir, s’amuser, patouiller, mettre en bouche avec les doigts, et cela pour les éléments non alimentaires également… Cette notion de plaisir, de partage, d’échanges en famille est très importante aussi. Tout comme l’environnement dans lequel le bébé mange : il doit être à table, avec ses parents, frères et/ou sœurs, tout en veillant à sa bonne position.

Il faut donc se lancer ! Sans le forcer, en l’aidant s’il a des difficultés. Et il ne faut pas se décourager si c’est un peu difficile. En revanche, si ça reste difficile, il faut demander conseil à un professionnel de santé. Manger doit être un vrai plaisir. 

Merci au Dr GARCETTE pour ses précieux conseils. Retrouvez-en bien davantage dans tous les épisodes des Parents Curieux de Blédina sur la diversification alimentaire. 

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